Diplôme d’Études Spécialisées (3ème cycle – DES-ESA)
Ville en projet durable & Architecture des milieux
École Spéciale d’Architecture, 24 avril 2008
Damas 2062 – Éphémère : scénario des possibles
Résumé :
Damas 2008 / Damas 2062
« Damas 2008, capitale arabe de la culture », événement providentiel, servira de tremplin pour ce demi-siècle de projection urbaine durable que je désire mener sur le Vieux-Damas. Damas, millénaire et contemporaine, ville d’un Orient tumultueux, reflet d’un monde décalé, remplie de paradoxes, exactement à l’image des hommes, de leurs histoires et de leurs actualités. Laboratoire de questionnements (tout ce qui est « problématique » à la ville y est présent) et éventuellement de solutions, à condition de poser les bonnes questions, au bon moment. Véritable maquette du monde, cette ville présente tous les symptômes d’une cité en crise, d’urbanités malades. Damas se trouve au centre d’une des zones les plus « chaudes » de la planète ; elle est de fait un point géopolitique hyper sensible, centre d’intérêts particuliers, épicentre d’un séisme politique sous-jacent et permanent.
Chaque instant qui passe est un tremblement de sociétés qui laisse des traces à peine visibles mais si profondes qu’il faudra des décennies pour reconstruire ce que chaque secousse anéantit. Il y a état d’urgence et non urgence. L’urgence s’inscrit dans la pensée, le concept, la façon d’aborder les actions à mener et non dans la situation physique. Il ne faut quand même pas attendre le cataclysme fatal pour agir, ou du moins esquisser un dessein novateur. Une intervention intellectuelle est à envisager rapidement, en douceur et sur du long terme. Notre problématique se pose alors presque naturellement d’après le contexte local immédiat et l’agir global futur. Comme nous l’indique l’étymologie latine du mot contexte, « tisser ensemble », cela nous amène directement vers ce questionnement vital du « en commun », des uns avec les autres et en même temps. Ce n’est donc plus seulement « le déjà là » mais surtout « le avec » qui s’impose. Comment agir de façon adéquate dans cet environnement délicat et protégé ? Comment faire passer un message de durabilité à une société en mal de repères ? Comment construire une ville autre sur la vieille ville séculaire (palimpsestes, couches, calques, feuilles, etc.) ?
Notre hypothèse se propose de bâtir un projet à partir de l’utopie et de l’actionner avec l’éphémère. Raisonnement pour essayer de résoudre un problème qui paraît insurmontable et qui s’appuiera à partir d’une boîte à outils dépouillée mais ô combien précieuse, composée d’utopies, du temps et de l’éphémère.
L’utopie se présente comme une action humanitaire juste et justifié. Une sortie de crise adéquate; tempérance au monde instable dans lequel nous vivons, réponse évidente à la question de l’architecture et de l’architecte, alternative entre vision et pragmatisme. Le développement durable, lui même nouvelle utopie, s’annonce comme l’enjeu vital de ce début de siècle pour une planète en mal d’égalités, de partages et d’éthiques.
Analyser les utopies qui nous concernent pour arriver à une utopie soutenable de tous et pour tous dans un milieu singulier. Y présenter le durable s’annonce comme de parler de science-fiction à un homme du désert, si loin de ses préoccupations quotidiennes, basiques et vitales, à cause essentiellement d’une société figée. Vies publique et privée complètement verrouillées : aucune action, si petite soit-elle, ne peut être envisagée, alors la proposition éphémère apparaît comme une alternative en phase avec cet environnement restreint. Car éphémère, le projet n’effraie personne, ni les décideurs et ni les acteurs. De plus « artistique », il est peu évident à saisir de part sa finesse d’approche et son immatérialité temporelle : Il apparaît comme inoffensif.
Voilà le pourquoi du « temps » à analyser, de ses définitions et concepts jusqu’à son rapport dans la ville. Il nous amènera ainsi à cette notion d’éphémère si importante dans notre cas de figure. L’éphémère devient outil d’intervention et vient alors à propos pour amener les utopies à bon port, au réel. Il est vecteur de communications actuelles et de projections futures débouchant sur des espaces de libertés qui pourront mener à des révolutions personnelles. Implosion de chacun, remise en question personnelle de chaque citoyen avant d’attaquer la société dans son ensemble. A l’individu, sa responsabilité, sa conscience, son espace, son implication… Lui redonner le goût de ces valeurs afin de pouvoir envisager une projection commune dans l’avenir et le replacer l’homme au centre du dispositif de révolution.
« Damas 2008, capitale arabe de la culture » se présente donc comme une actualité presque miraculeuse dans un lieu bloqué au niveau politico-culturel. Nous nous devons de saisir cette occasion unique, presque inespérée, pour faire passer un premier message, lancer une première action. Durant cette année de « festivités », notre but sera d’intégrer dans la cité, d’un geste simple et fort, une acte citoyen, politique au demeurant (revenir au rôle premier de l’architecte dans la « polis »). Geste qui devra se démarquer de la multitude des manifestations culturelles tout en profitant de leur dynamique. A travers « les portes du possible », installation ponctuelle dans l’espace de la vieille ville et dans un temps damascain précis, nous provoquerons l’écriture de scénarios qui auront pour but de nous mener vers la « projection d’images » d’une utopie concrète en… 2062 !
Installations de dispositifs de miroirs sur toute la surface de la cité ancienne pour baliser des parcours, se retrouver et mieux se perdre dans les labyrinthes des artères urbaines et humaines. Installations basées sur le déplacement du regard : changement d’angle de vue, autre orientation des perspectives, attention attirée sur des banalités invisibles, vision de soi révélée, etc.. Ainsi, engager un processus de construction virtuelle, premier pas vers un réel à recomposer. Une projection autre, libre, légère, fondée, égale ; à la fois utopique et durable. Une autre Ville que les citadins locaux ou de passage vont construire, entre ces miroirs révélateurs, de leurs regards déplacés et de leurs remarques placées pour des lendemains plus ouverts. Ils écriront alors eux-mêmes les scénarios de cette ville invisible, autre palimpseste. L’écriture de Damas 2008 à Damas 2062 se veut être la résultante d’un long processus de recherche centrée sur l’homme dans et en son milieu, à l’intérieur de l’œkoumène et au mitan de sa localisation dans l’espace et le temps.
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Vidéo Damas / Cy, 4’33”
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Galerie d’images du projet “Les portes du possible“
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