Proposition pour une installation artistique éphémère dans le cadre de l’exposition« Paris, Damas : regards croisés » organisée par Europia  /  Institut du Monde Arabe (18 novembre 2008 – 18 janvier 2009)

 

Entre   /  Entre Paris et Damas, il y a moi, il y a les autres, ceux que j’ai croisés sur cette limite, dans cette frontière. Entre ces deux points du Monde il y a la distance terrestre et l’infini céleste. Cet entre d’espaces habités par des êtres en partance, ceux qui vont vers cet Orient rêvé, ceux qui reviennent de cet Occident rejeté, et vice-versa.  /  Entre ces deux mondes, il y a des silences, des étourdissements, des vertiges, des reconnaissances, des larmes, des tumultes, des sourires, des perditions…  Entre le lys et le jasmin, il y a toutes les autres senteurs du Monde.  /  Entre lui et moi, il y a tant de rêves, et c’est cette distance qui est belle, forte, présente avec tous ces films personnels, ces scénarios inachevés. Ce décalage, tendre choc, ou fondu-enchaîné précipité, m’interpelle et me rappelle sans cesse ces deux villes, à la fois distantes et complices. Distantes de vies, de positions, d’histoires ; complices d’évasions, de souffles, d’humanités.  /  Entre ces villes, comme entre toutes les autres cités, il y a des femmes et des hommes, de toutes sortes, de tous horizons, de toutes confessions, de toutes langues, de tous les espoirs, de toutes les craintes. L’humanité, dans sa diversité, si précieuse.  /  Entre ces mondes, il y a tant d’autres mondes, les entrailles de la Terre, l’entre-deux toujours en suspens, l’épaisseur des nuages, la zone des regrets, l’interface des pensées. Que de mondes !  /  Et entre nous, il y a eux, avec entre autres des lumières, des palettes, des couleurs, des ombres, des goûts, des silhouettes, des désirs… des vies si différentes. Il y a alors des êtres qui se croisent, s’arrêtent, se reflètent, s’entrecroisent, se déchirent, se retrouvent, s’entraident.  /  Entre, il y a à la fois l’éloignement, une certaine solitude passagère, et le mélange, celui des genres. Entre eux, le chemin le plus court, cette ligne droite que l’on trace pour rejoindre au plus vite l’autre point de fuite, cette cible où l’on peut se retrouver ou se perdre.   /  Entre, c’est juste là que se trouve ce lieu d’attente avec de chaque côté une porte qui donne sur un lever ou un coucher de soleil. Entre l’est et l’ouest, c’est bien là que se trouve cet espace où le nord et le sud sont à la verticale et où il fait bon s’interroger sur sa « géovie ».  /  Entre, est aussi une invitation. « Entre donc, je t’en prie ». Une invite à entrer, à rester ; pas trop longtemps car cet entre reste un espace de transit avec plusieurs portes, vers d’autres réels, vers d’autres imaginaires. Ainsi, ne plus savoir où l’on va, d’où l’on revient. Pourquoi ? Pour qui ?  /  Entre, s’éloigner de l’Antre, de l’obscur, du repli, de l’enfermement ; s’ouvrir au partage, au dialogue, à l’échange.  /  Entre, c’est un plein d’Autre, un terre-plein des Autres.

 

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