20/11/2010
Amiour #19

Voici le seul anonyme qui ne le restera pas.
C’est Guy que l’on surnommait “L’indien“ du côté de l’Usine de Petit-Bourg en Martinique.
SDF errant, il était de temps à autre mon voisin. Il ne parlait à personne.
Invectives et jurons dans toutes les langues, connues et inconnues, remplaçaient une parole saine et posée. Jusqu’au jour, où à force de l’aborder (et de supporter ses agressions verbales inoffensives), il vint vers moi et me proposa de me traduire par écrit ses ressentiments, ce qu’il appelait “les emmerdations“.
Dans mon atelier, des feuilles de papier, un stylo et le voilà écrivain public.
Je vous laisse une de ses traces que je garde précieusement depuis ce temps où je me sentis appartenir à une tribu venue du fin fond de l’humanité, sauvage et première.